lundi 16 juillet 2012

Véhicules branchables, témoignage 2 : Conversions

Dans ce billet, j'aimerais relayer un deuxième témoignage, cette fois d'un constructeur de véhicules électriques et hybrides rechargeables artisanaux. Il s'agit d'Alain Saint-Yves, qui a transformé lui-même deux véhicules traditionnels en véhicules électriques, puis il leur a ajouté un prolongateur d'autonomie à essence. Ses véhicules sont alors devenus des hybrides rechargeables, ou pour être plus précis, des véhicules électriques avec prolongateur d'autonomie, un peu comme la Chevrolet Volt. Alain est littéralement un pionnier au Québec, puisqu'il roule principalement à l'électricité depuis 1998. Je lui cède donc la parole, en le remerciant chaleureusement.

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Bonjour,

 C'est en tant que pionnier et utilisateur de véhicules électriques au Québec depuis près de 15 ans déjà que je te communique ce témoignage.

 En 1998, c'est avec  ma camionnette S10 électrique de conception artisanale que je débutais cette expérience de rouler au quotidien en VÉ. Un projet de quelques 25,000 $ au total sans compter le temps investi. C'est avec ce véhicule et mon site Internet que je prétend avoir introduit l'expression "véhicule  vert" dans la francophonie dès l'année 2000.

Compte tenu les limites d'utilisation des batteries au plomb à cette époque,  en 2001, j'ai conçu et installé à bord de ce véhicule un petit générateur. 1500$, le temps non inclus. Je devenais à ce moment un des rares utilisateurs d'un "hybride branchable" sur la planète.

  Depuis 2004, c'est avec une voiture GM Cavalier également de conception artisanale que je roule au quotidien. À ce moment, c'est 5000$ que je payais cette voiture déjà convertie à l'électricité (un projet abandonné). Cet achat allait me permettre de diminuer mes dépenses en remplacement de batteries. Environ tous les 18 mois avec des batteries au plomb. La camionnette  avait 24 batteries, la voiture en avait 17.

Image: Alain Saint-Yves et sa Cavalier modifiée (photo: Pierre Langlois, juin 2007)

 Avec cette vieille technologie de batterie, il me fallait l'assistance du générateur à essence sur l'autoroute. Avec cette configuration, ma "consommation globale d'essence", (et j'espère qu'on adoptera cette expression prochainement) se situait autour de 2 litres au  100km. Pour ce qui est de l'électricité, je ne la considère plus depuis longtemps, quelques 20$ par mois ou moins car je branchais chez mon employeur. Je considère cette facture comme négligeable.

  En 2011, j'ai reconverti cette voiture avec des batteries LFP (lithium phosphate de fer). Quelques 8000$. Avec cette révolution des batteries, c'est maintenant une consommation globale de carburant de 0,5 L/100km que j' affiche sur ma page https://sites.google.com/site/vehiculevert/informations/2-litres-au-100km car je n'ai plus besoin d'utiliser le générateur pour assister ces puissantes batteries au quotidien sur l'autoroute.

 Mes commentaires...
 

 Après toutes ces années et bonne quantité de défis relevés,  il y a longtemps que j'ai assimilé le fait qu'on ne doit pas équiper une voiture d'un nombre excessif de batteries. Il  est plus économique, pratique et responsable d'avoir un petit générateur à bord afin d'augmenter son autonomie au besoin.

 Bien sur, chacun a droit à ses idées. On a le droit de souhaiter la solution parfaite qu'on peut entrevoir dans la voiture 100% électrique. Sur ce propos, je vous dirais que la perfection n'est pas de ce monde et que faire des compromis, dans le sens où il faut diversifier l'utilisation des ressources, sont les directions à suivre si on parle développement durable.

 La voiture toute électrique a quand même sa place. En fait, depuis que je roule avec des batteries au Lithium, j'ai enlevé le générateur artisanal sous ma voiture et les quelques 100 km d'autonomie dont je dispose maintenant suffisent à mes besoins quotidiens. Dans ce cas, comme plusieurs québécois qui ont plus d'un véhicule dans leur stationnement, c'est une voiture à essence que j'utilise pour les parcours hors de la région.

 Des voitures tombent en panne d'essence tous les jours. Bien sur, on soulignera les cas de panne en voitures électriques. La différence majeure entre ces deux cas est le facteur sécurité. Contrairement au moteur à essence, la voiture électrique ne s'arrête pas subitement dans le trafic. On connait une perte de puissance et on a l'information précise de la distance qu'on peut encore parcourir. Il ne reste alors qu'à sortir de la circulation, se brancher si on le peut et avouer qu'on s'est mis les pieds dans les plats et qu'il faudrait faire les choses autrement à l'avenir.

 Un petit générateur embarqué de quelques 10 kw seulement permettrait d'éviter cette déception et ces problèmes. Une petite remorque génératrice qu'on attache à l'occasion est aussi une solution mais on n'est pas encore rendu à cette pratique qui est la mienne alors que les batteries au lithium ont permis cette évolution du marché de l'automobile.

 La quantité de batteries par véhicule...


 Comme mentionné plus haut, il faut tenir en considération la quantité de batteries qu'on transporte dans une voiture. Si on parle d'électrifier le parc automobile québécois, voire nord-américain ou mondial, ce volume de batteries par voiture devrait  être tout juste suffisant pour répondre à nos besoins de déplacement quotidien en région. Les raisons...

1. Premièrement, il nous faut limiter l'exploitation de la ressource en lithium et autres matériaux pour ne pas imiter ce qu'on fait depuis un siècle avec la surexploitation de nos énergie fossiles.
 2. Deuxièmement, il faut considérer le coût de remplacement des batteries.

 Le reportage que j'ai enregistré pour l'émission Découverte débute avec les mots suivants de Charles Tisseyre ... " Une vielle voiture..." et c'était en 2007.

 Ma Cavalier électrique date de 1997, converti en 1999.  Depuis plus d'une décennie, les carrosseries de nos voitures sont plus résistantes à la rouille. Pour ce qui est des voitures à combustion, on aura tendance à les envoyer à la ferraille lorsque l'une de ses nombreuses composantes montrent des signes de fatigues. Je vous épargne l'énumération de ces pièces vieillissantes ...

 Pour ce qui est de la voiture électrique, la technologie est simple et le nombre de pièces est moindre Si on estime la durée de vie des batteries à 10 ans (et cela reste à voir), il nous faut envisager les coûts de remplacement de batteries. Moins on en transporte, plus ce remplacement sera économique.

 La question d'une Volt ou une Nissan Leaf...
 Il n'y a rien de plus personnel que le choix d'un véhicule...

 Chez moi, il n'y a plus d'enfant à la maison. Nous sommes deux et avons trois véhicules. Mon épouse utilise une Toyota Prius. J'utilise ma Cavalier électrique au quotidien et une Matrix à essence pour mes déplacements hors région une ou deux fois par mois.

 Compte tenu les choix qui s'offrent en 2012, l'achat d'une Volt me permettrait de me départir de la cavalier électrique et de la Matrix. L'autre choix pourrait être une Leaf pour mon épouse et je me retrouve avec la Prius. Donc 2 voitures au lieu de trois.

 Mon gros problème en 2012 est que ces voitures sont trop récentes... Je n'ai jamais acheté de voiture neuve. La Prius 2008 que nous utilisons a été payé 18000$ en 2010 et sera bonne pour très longtemps. Je paierais 15 à 20 mille dollars pour un modèle 100% électrique tout au plus ou quelques 20 à 25 milles pour une hybride branchable ou mieux encore, idéalement un modèle de l'avenir qui serait plus près de l'hybride branchable à moteur roue tel que souhaitée par Pierre Couture il y a belle lurette.

 Je comprend la fierté de Sylvain Castonguay de pouvoir enfin rouler en véhicule électrique au quotidien. J'en  suis fier également même après toutes ces années de travail et d'expérimentations sur mes véhicules car je considère qu'on ne devrait pas avoir recours au pétrole pour se rendre au travail à tous les jours.

 Dans l'attente que ces voitures branchables des grands manufacturier prennent de l'âge ( -$) et/ou soient moins dispendieuses, je continue mon chemin avec cette vieille cavalier 1997 et pour en ajouter... je vous mentionne que ma vieille camionnette verte 1996 électrique est toujours sur la route à Longueil et connait en ce moment une cure de rajeunissement avec des batteries au Lithium!

 Au plaisir

 Alain St-Yves

 www.vehiculevert.org <http://www.vehiculevert.org>

 

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